Wednesday, February 20, 2013

Visite de Laurent Fabius au Panama (22-23.02.2013)


« L’Amérique latine : un objectif majeur de notre politique étrangère » tribune de Laurent Fabius dans le Figaro (20 février 2013)

"À partir du 21 février, je me rends dans trois pays d’Amérique latine - Colombie, Panama, Pérou - pour travailler à la relance de nos relations avec ce continent. Mon déplacement dans la région, après ceux du président et du premier ministre, a un sens clair : nous voulons un rapprochement durable avec l’Amérique latine, qui constitue désormais un objectif majeur de notre politique étrangère. 

Ces dernières années, la France a souhaité cultiver ses relations avec quelques grands pays latino-américains, notamment le Brésil - c’était nécessaire -, mais pas assez avec les autres. L’élection de François Hollande a provoqué dans cette région un réel intérêt : nombreux sont ceux attentifs au projet politique que nous portons, à l’engagement qui est le nôtre pour la solidarité et la justice, à la défense des droits de l’homme, à la promotion de la démocratie. Il existe donc une « fenêtre d’opportunité » pour renforcer nos relations avec ce continent dont le poids dans le monde s’affirme. 

Or, depuis une décennie, l’Amérique latine connaît une croissance soutenue, aujourd’hui autour de 4 %, parfois même beaucoup plus (Panama). Les pays qui la composent sont généralement parvenus à assainir leur situation budgétaire, ils cherchent à agir pour que leur développement profite à l’ensemble de la population. Ils peuvent s’appuyer pour y parvenir sur d’importantes réserves de matières premières (Pérou), sur une véritable classe moyenne, sur leur jeunesse, sur leur ouverture au monde. Il leur reste évidemment des faiblesses, notamment en matière d’infrastructures, de services publics, de formation, d’inégalités. Mais, forts de leur croissance, de nombreux pays latino-américains s’affirment politiquement, par exemple le Brésil, le Mexique ou l’Argentine, tous trois membres du G20, mais aussi la Colombie ou, d’une autre façon, le Venezuela. 

Tout nous incite à renforcer la présence française. Nous disposons d’atouts importants. Notre pays y a exercé dans le passé une influence notable. La Révolution française a inspiré de nombreux mouvements de libération. Le droit, la science, la médecine ont été traditionnellement tournés vers nous. La culture française a laissé une empreinte forte, notamment grâce aux élites locales massivement francophones jusqu’au milieu du XXe siècle. Et cependant, malgré ces atouts, notre pays a trop longtemps donné le sentiment de délaisser ce continent. 

Ce sentiment, je veux montrer qu’il est désormais sans aucun fondement. Je pars pour l’Amérique latine avec la volonté d’inscrire expressément notre relation dans une nouvelle perspective continentale et partenariale de long terme. Continentale, car nous avons vocation à travailler avec l’ensemble des pays de cette région, sans laisser entendre - maladresse qui n’a pas toujours été évitée - que seuls les plus grands méritent notre intérêt. Partenariale, parce que notre relation doit être d’égal à égal et rejeter toute forme d’arrogance. 

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